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Choses et autres...
4 janvier 2005

Disparition 2

Je ne sais pas pourquoi, l’évènement avait pourtant de quoi être notable, on ne disparaît pas tous les jours tout de même, mais je n’ai même pas ressenti de surprise. Et puis quoi faire de toute manière ? Faut bien se résigner. C’est un constat : je n’existe plus. Je n’ai plus aucune réalité matérielle. Alors, croyez le bien, j’ai réfléchi quand même. Ce corps que je trimbalais avec moi, advienne que pourra, depuis pas loin de trente ans… putain déjà presque 30 ans… j’ai bien du l’égarer quelque part. Pas chez moi en tout cas. Quand j’ai constaté son absence dans le miroir, je me suis mis bien en peine pour le retrouver dans le fatras de mon appartement : un lit, des draps, des coussins, une boîte à thé, un chat, une pierre, de l’eau… nulle part. J’ai soupçonné un moment le chat de l’avoir bouffer… mais le pauvre petit est allergique à la viande. Ses crocs en tomberaient de se planter dans autre chose que l’espèce de barbaque en putréfaction des boîtes d’alimentation féline. Dans l’eau non plus il n’y était pas mon corps. J’en ai donc déduit qu’au moins je ne m’étais pas noyer… ce fut un grand soulagement. La noyade c’est un des cauchemars qui me hante depuis que je suis gamin. Les choses n’allaient donc pas si mal. Mais quoiqu’il en soit il est dérangeant, vous pouvez me croire, de ne pas dicerner son reflet dans un miroir ! Par contre je me suis aperçu que mon ombre, elle était toujours là, avec sa fidélité de chien. J’aime pas les chiens. Faute de mieux, je me suis amusé toute une heure durant à faire des ombres chinoises sur le mur et à projeter la silhouette d’un corps de géant sur le plafond. Moi qui suis petit. Mais au bout d’un temps ça m’a ennuyé ce petit jeu. Non que je n’aime pas les ombres chinoises, j’aime bien diluer mon ennui en en faisant le soir, j’en avais fait hier d’ailleurs… mais là je n’en avais plus envie. C’est bizarre de consater ça : vous avez des occupations que vous adorez (jouer avec la lumière entre autre), et puis il se passe le moindre petit truc (vous disparaissez) et puis vous vous lassez de tout d’un seul coup. Bref, en tout cas je n’avais pas résolu mon problème : je ne savais toujours pas où j’avais bien pu foutre mon corps.

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