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Choses et autres...
8 janvier 2005

Une rencontre

Une silhouette. Noire. Fine. La démarche est sure, je m’écroule encore plus bas. Apparition, peau blanche, cheveux noirs, des yeux d’acier. Elle non plus n’est pas d’ici. Je lui balance « comment ça va ? »… les mots sortent mal, ma voix me semble étrange, incompréhensible. Un sourire dédaigneux sur les lèvres elle répond « très bien et toi ? » ; elle s’est arrêtée. Elle me regarde en silence, tout chez elle me balance son mépris à la gueule : la manière dont elle se tient, la manière dont elle regarde, l’intonation qu’elle a pris pour me dire quatre mots… « très bien et toi ? »… Mais qu’est ce qu’elle me veut ? Pas m’aider c’est une certitude. Me regarder crever là ? Oui, ce serait bien ça, je suis sur que ça la fait frémir de me voir à ses pieds en train d’agoniser ou presque. Pourquoi ai-je honte d’être dans cette état tout d’un coup ? Je lui balance cette idée qui me torture maintenant « J’ai honte ! » Et je le répète, je les cris ces deux mots… qui ne veulent rien dire, qui démontre que je ne suis plus capable de réfléchir. Je ne vois que les talons de ses chaussures, ses chevilles. J’ai la force de me relever bizarrement… Comment tu t’appelles ? J’ai l’air con. Toujours le même rictus sur ses lèvres… Comme tu voudras, toujours cette même intonation lancinante, méprisante… Sarah, alors. Je la suis… je ne sais même pas où, dans les rues, sur les quais, les enseignes lumineuses me donnent mal au crâne, il y a trop de bruit dans ce quartier, j’ai les tympans qui explosent. C’est absurde, je me mets dans les pas de Sarah, un phantôme. Je me demande si ce n’est pas juste une construction de mon imagination malade.

Il n’y a plus de vie dans les rues où elle me mène. Juste des arbres dont les ombres dessinent des formes allucinantes sur les murs…Sur les trottoirs des formes immobiles se dessinent sous des draps colorés, troués, sales… des corps couchés sur des mateles crevés , sur des couvertures déchirées ou à même le sol, à même la poussière, aux pieds des marcheurs nocturnes qui ne les voient même pas, eux non plus ne semblent pas vivants. Des chiens efflanqués et puants couchés à leurs côtés, bien plus vivants que les corps contre lesquels ils s’allongent, des chiens qui grondent quand on les approchent, qui vous lèchent les mains si vous leur donnez quelque chose, c’est vénal un chien. Je monte des marches avec elle ; un escalier sordide qui grince. Je manque de m’effondrer à chaque pas, j’ai encore envie de vomir, l’alcool ne passe pas décidément ce soir. Je passerais finalement la nuit avec elle.

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