Deuxième rencontre

Et puis finalement le troisième jour elle n’a pas pris la rue parallèle. Elle a pris par sa rue habituelle. Il pleuvait, il faisait un peu froid pour l’été. De la brume. Elle a marché plus lentement, juste au milieu de la route, pas sur le trottoir. De toute manière il n’y a plus de voitures à cette heure là. Elle s’est arrêtée devant ce type adossé au lampadère. Dont elle ne connaissait que le corps et son goût. Il a regardé ses yeux noirs. Ils n’ont pas échangé un mot. Elle a tourné le dos. Il l’a suivie. Il s’est remis dans les pas de cette brune, il a monté les escaliers derrière elle, avec la lucidité de regarder ses jambes cette fois-ci. Il a eu le temps de sentir venir son désir. Il a fermé la porte de l’appartement rouge derrière lui, sèchement. Ils se sont pris violemment, se sont affrontés. Sans échanger un mot surtout. Il s’est écroulé, épuisé, là en travers du lit, une main posée sur son flanc… quelques instants de douceur, même si ça n’est pas la règle, même si cela n’entre pas dans l’accord tacite qui les unit. Ils sont restés à écouter leur respiration courte, dans l’obscurité totale. Nuit noire, nuit d’encre, la lune était pleine cette nuit là. C’était une lune rouge ; les ombres se dessinent peu quand le ciel est ainsi. Au matin, plutôt la fin de nuit, il est parti. Il ne pouvait pas resté, il ne voulait pas resté. Elle fumait sur le lit. Des volutes grises sortaient de ses lèvres. Elle ne l’a pas regardé quand il a refermé la porte, ni entendu ses pas descendre les escaliers.Elle n’a pas essayé de l’imaginer quand il est sorti dans la rue, quand il a revu la lumière grise de ce matin là. Il pleuvait un peu. Un papier par terre avec un numéro de téléphone. Il n’y aura plus de hasard maintenant.

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[nausicaa]

j'attends la suite avec impatience!