Plaisir épistolaire
On rentre, toujours un peu tard. Les bras chargés de ces inutiles objets quotidiens. On tourne une petite clef dans une serrure grinçante, résigné à trouver dans cette boite si laide de ces papiers immondes, formulaires obscures et factures facheuses. Et puis ce jour là il y a une enveloppe. Une écriture à lencre, une écriture de main. On sen empare, avide mais ne pas céder au plaisir de louvrir tout de suite, le charme en serrait brisé. Alors on pose lenveloppe sur une table, on referme sa porte. On range sa veste, on met la musique en sourdine. Et on observe ce si petit papier. Plaisir de deviner lexpéditeur, selon la forme déliée des lettres, selon lappui du stylo, linclinaison des mots. On décachète lentement, retirer le papier, le déplier lire enfin. Et lon se laisse transporter loin, ou tout près. On devine les incertitudes et les élans au style de la prose, aux ratures qui nen sont pas on lit entre les lignes et on relira plus tard, des fois bien des années après.
Nostalgie de lart oublié des échanges épistolaires.