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Choses et autres...
27 janvier 2005

Les larmes du Boulevard Montparnasse

Un après midi d’hiver…. Et oui l’hiver toujours, il s’en passe des rencontres quand le froid envahit les villes. Toujours est-il que le ciel était bleu acier. Un soleil blanc sur un fond sans nuages. Un vent transperçant, cinglant. Un vent qui gerce les lèvres et fait venir les larmes aux yeux, le sang au joues, aux nez, aux oreilles… un peu de rouge dans un décor blème. C’est joli de regarder les visages en hiver, des images de poupées russes…. Avec des mystères à dévoiler sous des manteaux trop lourds et des pulls trop épais, sous les foulards et les lainages, sous les fourrures. La valse des matriochkas sur les boulevards parisiens. Des foules emmitouflées qui tournent, qui bavardent…. Bavarder sur quoi ? sur le froid bien sur… parce que l’hiver est rude qu’on se le dise…. Et puis bavarder sur des frivolités, des banalités.

Et au milieu de tout ce beau monde tournoyant de laines colorées, il y avait une femme… elle ne tournait pas elle… elle marchait juste devant elle. Un pas puis un autre, dans ses minuscules escarpins. Elle n’avait pas de gros chandail tricoté ni d’immense manteau pour ce réchauffer…. Non rien qu’une veste, légère… et juste une cigarette à la main pour donner un peu de chaleur à ses doigts blancs….mais elle n’avait pas froid, ne croyez pas ça ! Elle n’avait pas froid parce quelle souffrait, et que ce n’était pas du gel. Elle n’avait pas froid parce qu’elle pleurait, et que ce n’était pas dû au vent sur ses yeux noirs… de beaux yeux noirs trop maquillés et desquels coulaient de petites rivières qui venaient geler sur les joues. Un flot qui naissait au coin des paupières, emportant avec lui le rimmel qui lui faisait ses yeux plus noirs, et qui mourrait à la commissure des lèvres. Elle était si pâle, elle n’avait pas les joues roses des autres marcheurs. Fantôme translucide, n’intéressant personne…. Elle ne regardait pas les passants, elle ne regardait pas les autres visages, et moi je le regardais pleurer au milieu de ces gens. Je la voyais gracieuse porter la cigarette à ses lèvres pâles. J’imaginais peut être le départ d’un amant…. Je lui construisais des aventures dignes des grandes épopées de romans russes, avec des sentiments exacerbés, des drames. Elle aurait été si belle dans des pages de Tolstoï.

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