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Choses et autres...
17 janvier 2005

Départ

Un jour Sarah ne l'a pas rappelé. Plusieurs jours de silence ; il l'a attendue, fiévreux, comme à chaque fois qu'elle disparaissait ainsi. La semaine est passée, le mois aussi. Et les mois. C'est l'automne à présent. Les ciels sont gris. Les arbres se dépouillent, les gens semblent plus presés, ils courent plus vite vers des destinations connues d'eux seuls… quoique le savent(ils vraiment ? Il l'a attendue aux terrasses des cafés, dans la rue où il l'avait rencontrée, au pied de chez elle. On lui a dit qu'elle était partie… sans laisser d'adresse bien entendu. C'était une vieille concièrge qui l'avait renseigné, un de ces personnages qu'on ne pense plus trouver que dans les romans. Une robe à fleur, de petite fleurs bleues imprimées sur du tissu bon marché. Des cheveux laqués, colorés depuis trop longtemps et qui laissaient voir les racines grises. Un être bavard, bien trop seul. Trop méprisée. Il aurait presque pu ressentir de la pitié pour elle.

Il lui est venue l'idée de la rechercher partout, de ces entreprises qui vous font sombrer dans la folie. Il a cessé de vivre. Cessé de fumer. Cessé les soirées mondaines. Cesser de se frotter aux corps des femmes de passage. Et il l'a rêvée, a suivi des étrangères dont la silhouette lui ressemblait, a cru la voir sur les quais, les ponts, les ruelles, tant de fois… tant d'illusions. Tant d'obsessions. Un réel manque physique de ceux que connaissent les toxicos. Il ne survivait que pour aller marcher dans Paris des heures durant pour la trouver. Il a suivi des manteaux rouges ; a même cru l'apercevoir un jour… enfin plutôt son ombre au coin d'un café… mais l'ombre a disparue. Allucinations ? Son corps s'est décharné, son visage est devenu encore plus émacié. Ce n'est plus qu'un cadavre. Il traine ses semelles le long des caniveaux débordant en cette saison, de cette eau infecte qui charie les feuilles mortes et les cadavres de cette ville. On le voit parfois descendre dans cette eau, rester là, dans l'eau froide… on lui demande souvent s'il se sent bien… ils sont cons les gens, ils sont aussi morts que lui les gens. Il a envie d'hurler. La caféine le tient éveillé, il dort quand il rentre chez lui en plein milieu d'après midi. La nuit, il la passe dehors, il cherche sa chimère.

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